Chroniques d'un

bordel sans nom

La revanche du gallinacé tueur



Date : 700211.14

Lieu : inconnu


Après quelques semaines de repos, la grande salle revenait à la vie.

Autour d'innombrables consoles et écrans de contrôle s'affairaient de nombreuses personnes, certaines relisant leurs dossiers, d'autres vérifiant une dernière fois que tous les systèmes et instruments étaient en état de marche, mais tous gardaient un œil sur le siège aux allures de trône qui dominait tout ce petit monde.


Pour le moment, son occupant ne semblait pas leur porter la moindre attention, davantage occupé à empiler des flans en une pyramide gélatineuse et hautement instable.

Une jeune femme s'approche du maître des lieux, apparemment habituée aux excentricités du personnage

- Ils viennent d'arriver, monsieur

- Bien, nous allons pouvoir commencer, dit-il en plaçant le dernier flan au sommet de sa construction. Tout est en ordre ?

- Oui, tout est prêt, monsieur. Nous n'attendons plus que vos instructions.

- Décoince-toi un peu, ma grande, on a encore le temps.
Il attrapa un pichet de caramel liquide et entreprit de le vider sur son amas de flans
- Je termine et on se met au boulot, ajouta-t-il
- Bien, monsieur, répondit-elle avant de s'éloigner prudemment, réflexe qu'avait acquis chacun ici lorsqu'il remarquait un soudain changement dans l'humeur de leur employeur.

Un "ITADAKIMASU !!!" suivi de projection de flans mal gobés donnèrent encore une fois raison à son instinct. Après tout, elle travaillait ici depuis quelques années déjà
- Euh… vous êtes sure qu'il va bien… ? il a l'air un peu….. lui demanda un jeune assistant qui venait de la rejoindre
- Oh, tu es le nouveau, c'est ça ? Non, là il est plutôt calme, pour le moment. Tu veux te rendre utile ? Appelle le service nettoyage, il va encore repeindre les murs…

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Farf se trouvait dans le noir, et avait l'impression d'être enfermé.

Il ne mit pas longtemps avant de constater qu'il se trouvait à l'intérieur d'une caisse de bois et qu'il avait une chaîne attachée au pied gauche.

Alors qu'il cherchait à tâtons un moyen de s'en échapper, il entendit une voix, étouffée par l'épaisseur de bois

- Amenez-le à l'intérieur avant qu'ils n'arrivent, c'est lui la vedette, aujourd'hui

Quelques instants plus tard il se retrouvait trimbalé avec la délicatesse d'un séisme, avant que sa caisse soit finalement reposée sans ménagement.


Quelques minutes de silence, seulement troublé par ses tentatives infructueuses pour dénicher un quelconque mécanisme d'ouverture, puis le bruit le bruit d'une foule s'approchant lentement en marmonnant

Alors que les bruits de pas venaient de cesser et que Farf se demandait à quelle sauce il allait être mangé, débuta un air qui lui provoqua un frisson d'angoisse.

Quelqu'un faisait passer "Come on Eileen*" sur une sono apparemment puissante
La foule sembla s'animer alors que d'autres personnes s'approchaient, puis le volume de la musique diminua avant d'être remplacée par une voix au micro :

" Chers amis, je ne vais pas vous assommer avec un discours à rallonge, vous savez tous pourquoi nous sommes réunis ici.

Aujourd'hui à la Pension des Tilleuls, les fidèles supporters que vous êtes allez faire connaissance avant tout le monde avec la nouvelle mascotte du Stade Français : Fart !!! "


Sous le choc de la déclaration, Farf ne remarqua pas qu'on venait de retirer les montants de la caisse, et ne reprit vraiment confiance de son environnement qu'une fois encerclé par une meute de vieillards fripés et édentés.

Il chercha à fuir, mais impossible, autant à cause de sa chaîne que du véritable mur de déambulateurs qui s'était formé.

Soudain, une main osseuse vint l'attraper sous le menton, accompagné d'une voix enrayée qui lui dit "Viens faire un câlin à Tatie Lucienne !"


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Hébus sentit que quelque chose ne tournait pas rond avant même d'ouvrir les yeux.

Tout d'abord parce qu'il n'entendait plus ses mouches

Ensuite parce qu'il ne sentait plus cette odeur particulière qui le suivait depuis si longtemps

Mais surtout parce qu'il avait FROID, ce qui, hors nouvelle ère glaciaire, n'aurait même pas été envisageable, vu son épaisse fourrure… D'ailleurs de ce coté là aussi, quelque chose clochait…

Se décidant à ouvrir les yeux, il constata avec amusement qu'il se trouvait au milieu d'une foret de pommiers aux branches chargées de fruits mûrs à point, et commenta à haute voix :

- Il ne manque plus que quelques elfettes et une broch….

Avant de s'interrompre : sa propre voix clochait, à moins que ce ne soient ses oreilles, puisqu'au lieu d'une voix grave et forte, il avait entendu une voix douce et féminine.


Pris d'un doute, il tourna la tête vers un ruisseau qu'il entendait courir non loin de là, s'en approcha sans crainte (normalement inconcevable pour le troll moyen) et y chercha son reflet. Il n'y trouva que celui d'un repas potentiel, à savoir une elfette.

Au fur et à mesure que l'information arrivait (avec bien du mal) à son cerveau, Hébus se senti blanchir de peut : il était devenu son propre gibier.

Voulant hurler de rage, il ne réussit qu'à émettre le cri de la proie acculée, et n'en fut que plus frustré.


Mais c'est alors que, venant de buissons au loin et certainement attirés par le couinement elfique, il vit apparaître un groupe de troll chantonnant un air connu parlant de pommes et d'objet pointu, et dont le sourire carnassier pouvait aisément être interprété par "ce soir on va se régaler".

Sans attendre, l'elfette Hébus se mit à courir dans la direction opposée.

Un "merde, le dîner fout le camp !" suivi de bruits de pas semblables à une charge de rhinocéros lui firent oublier toute notion de prudence, et il se mit à enjamber troncs, buissons et rochers à l'aveugle.

Au bout de quelques minutes de fuite désespérée, Hébus parvint à quitter la foret pour une zone rocailleuse, et osa un coup d'œil dans son dos pour connaître son avance par rapport à ses poursuivants.

Mal lui en prit, il ne vit pas que le terrain continuait en pente assez raide, qu'il se retrouva à dégringoler sur quelques centaines de mètres avant de finalement s'arrêter, complètement sonné, au milieu d'un campement


Alors qu'il tentait difficilement de se remettre debout, il entendit une voix rocailleuse qu'on associe généralement aux barbares aussi musclés que brutaux, s'adressant apparemment aux autres personnes présentes :

- R'gardez c'qu'on nous envoie, d'quoi s'changer un peu les idées !

- 'sur qu'ça va nous changer, un mois qu'la chèvre a claqué…

- Pas d'ma fôt' si j'en ai une plus grosse que vous, les filles

- Ma hache dans les joyeuses, on va voir comment tu chantes, après !

- On s'calme les gosses, vous vous mettrez sur la gueule après…

Et alors qu'Hebus avait réussi à pâlir de peur au point de pouvoir démontrer l'existence du "plus blanc que blanc", le toutenmuscles qui semblait être le chef de la bande, se rapprocha et ajouta :

- …pour l'moment, c'est récréation pour tout l'monde ! Et toi Bill, tu passes dernier, dans l'doute

Alors, tout le camp se rapprocha avec une lueur lubrique dans le regard, suivi par un concert d'ouverture de braguettes.


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TCN était accoudé au comptoir du "fût sans fond", à chercher les nouveautés alcooliques dans les catalogues de ses fournisseurs. Une fois n'est pas coutume, son bar était presque vide, à l'exception de quelques habitués, sûrement à cause du harem voisin qui faisait sa journée portes ouvertes.

Soudain, le programme diffusé par les téléviseurs du bar, une quelconque émission intellectuellement prédigérée faute d'événement sportif intéressant, fut remplacé par le logo des informations :

"nous interrompons nos programmes en raison d'événements d'importance. En effet, en l'espace de quelques heures, la totalité de l’industrie théière a été frappée par un désastre d'origine inconnue qui a tout ravagé, des plantations aux usines en passant par les stocks. Les experts ne sont pas encore en mesure de chiffrer les dégâts, mais estiment qu'il faudra plusieurs mois avant que les consommateurs puissent à nouveau…"

TNC n'écoutait déjà plus. Bien que choqué par l'annonce, il n'était pas inquiet pour autant. Après tout, il avait sa propre serre et disposait de suffisamment de réserves pour tenir quelques siècles.

Et pour se rassurer, il décida de s'y rendre, laissant ses employés se débrouiller.


Insérant une carte magnétique dans une "serrure" cachée dans la réserve, il activa et franchir le portail de téléportation conduisant au sous-espace dans lequel se trouvait son "temple du thé", avant de se diriger vers la serre, gigantesque salle à l'atmosphère contrôlée en permanence pour permettre une pousse optimale et assez grande pour contenir une centaine de stades olympiques. Mais lorsqu'il en franchit les portes, à la place de la multitude de végétaux censés y pousser, il découvrit des troncs éventrés en pagaille, des plants arrachés, piétinés, bref toute sa future récolte réduite à néant.

Mi-enragé, mi-paniqué, il arpenta les restes ravagés de ses cultures, tant à la recherche du coupable qu'à celle de quelque chose à sauver, en vain.


Il se dirigea alors vers un ascenseur, valida un code digital et un autre vocal, et l'emprunta, direction la réserve, dans laquelle il stockait quelques dizaines de tonnes de thés, infusions et autres herbes à tisanes.

À peine l'ascenseur ouvert, TCN comprit : ce qui avant dévasté sa serre avait continué son œuvre de destruction par ici également, d'une manière diaboliquement méthodique, de telle sorte que tout soit éparpillé et mélangé, définitivement gâché, et avait fui le lieu du crime.

Il se dit alors que le monstre thé-opathe ne devait certainement pas être loin, et se jura de lui faire subir le même sort.


Avant cela, il lui fallait s'armer : direction un nouvel ascenseur, un autre code et un contrôle d'empreintes digitales allaient le conduire à l'armurerie : 6000 Dabch de combat et quelques armes plus conventionnes, juste au cas où.

Mais en pénétrant à l'intérieur, la désolation avant déjà frappé les lieux, et des 6000 machines dressées à tuer, il ne restait que de la tôle défoncée, arrachée.

Manquant s'étrangler de rage, TCN appela son fidèle Bagage, tout en cherchant une arme utilisable dans les décombres.

Malgré ses appels, nulle trace du coffre sur pattes. TCN se résigna à chercher seul sa proie, certainement tapie dans l'une des dernières pièces de ce qui était la veille encore un sanctuaire à la gloire du thé, avec une hache à deux mains pour seule arme, et s'attendant à retrouver le Bagage à l'état de copeaux, la seule chose, en gros, capable de neutraliser la bête.


Ascenseur suivant, nouveau code et scanner rétinien, à se demander s'ils servent à quelque chose face à un intrus apparemment capable de traverser la matière, pour arriver au "musée".

TCN se jeta dans la salle, hache brandie, dès l'ouverture de la porte… avant que son cœur ne manque quelques battements en découvrant qu'il était déjà trop tard :

Ses thés rares, du Formosa Wu Long, du Bai Hao Yin Zhen et d'autres plus rares encore étaient répandus au sol, baignés dans les différents liquides s'écoulant de ses Dabchs de collection, des machines uniques, littéralement éventrées.


Écumant de rage et de désespoir, il se dirigea vers le dernier ascenseur qui, après une identification par les ondes cérébrales, devait le conduire 3km sous la surface du sol, dans le Saint des Saints, contenant les reliques sacrées du théisme : le Dabch originel et, conservés sous champ de stase, quelques thés uniques capables de faire passer le plus rare des Gyokuro pour un résidu de vieux sachet Lipton sur lequel une armée de rongeurs serait venu se soulager.

Mais au terme de la descente, il vit ce qu'il n'aurait jamais cru possible : le monstre qui avant tout dévasté et achevait de réduire à néant le Graal théien, n'était autre que le Bagage lui-même, qui, lorsqu'il sembla se rendre compte de la présence de TCN, se retourna vers lui, ouvrit en grand son couvercle, et chargea.


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Ori avait craqué devant l'offre d'emploi de la chaine de harems la plus réputée du multivers :

"Agent de contrôle-qualité pour l'Eden Orgiaque ? une occasion unique"

Apparemment il devait être le premier à voir répondu à l'annonce, puisqu'il fut immédiatement convoqué et reçu.

Après un entretien qui ne lui posa aucune difficulté, en grand expert en harems qu'il était, il eut droit à une visite guidée des lieux et à une explication détaillée du poste, qu'il écouta à peine, davantage intéressé par les "résidentes", qui auraient fait pâlir de jalousie ses elfettes domestiques.

Au terme de la visite, de retour aux bureaux, l'administrateur du harem lui demanda s'il était toujours intéresse par le poste :

- Bien sur, plus que jamais ! Je peux commencer quand ?

- Vous pourrez prendre votre service sitôt le contrat signé, enfin après quelques formalités : badge, examen médical, mesures pour l'uniforme, une petite int...

- Je signe où ? l'interrompit Ori

- Je vais préparer les contrats, en attendant, mettez-vous à l'aise

L'administrateur frappa dans les mains, et 4 nymphettes fort peu vêtues entrèrent dans la salle et entreprirent de déshabiller la goule dans une chorégraphie à convertir instantanément la clientèle la plus fervente du "Fucking Blue Boy"

Au bout de quelques minutes dont nous tairons les détails, l'homme revint avec les contrats, pas étonné le moins du monde de retrouver une goule nue, en extase et la bave aux lèvres.

- Voilà, les contrats sont pr...

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'Ori s'était jeté sur lui, lui avait arraché les documents des mains, un crayon qui dépassait d'une poche de sa veste, avait signé les 3 exemplaires avant de retourner à son fauteuil, au milieu des demoiselles, le tout en moins de 4 secondes

- ...Bien, finit-il par reprendre après quelques instants passés à se remettre de l'assaut express, bienvenu au sein de l'équipe de l'Eden Orgiaque

Comme vous semblez vouloir commencer au plus tôt, nous allons commencer par la petite intervention de mise aux normes

Il claqua une nouvelle fois des mains, les 4 nymphettes immobilisèrent Ori sur son siège, chacune lui tenant fermement un bras ou une jambe, alors que la porte à l'autre extrémité de la pièce s'ouvrait sur le plus grand spécimen de "black" de la création : 2m20 de haut, 1m de largeur d'épaules, tout en muscles, portant juste un string étrangement peu rempli, et une énorme paire de tenailles dans les mains.

- Eh ! protesta la goule, qu'est-ce que vous faites ?

- Juste une formalité, répondit le nouveau venu avec une voix anormalement aiguë, détendez-vous, ça ne fera pas mal... du moins pas longtemps

- C'était bien indiqué dans le contrat, pourtant, précisa l'administrateur avec un regard amusé, et même dans l'annonce, regardez...

Il montra du doigt une réplique grand format de l'annonce, sur un des murs de la pièce, et Ori put y lire :

"Agent de contrôle-qualité pour l'Eden Orgiaque ? une occasion Eunique*"

Et alors que les tenailles s'approchaient de son intimité et qu'il se débattait en vain, il compris qu'il ne pourrait pas y échapper : non seulement il allait être castré à l'ancienne, mais en plus il aurait besoin d'une bonne paire de lunettes.

La suite s'enchaina comme au ralenti. D'abord les tenailles écartées à fond et mises en place, puis la voix de soprano lui disant "détendez-vous, on y va", et enfin les mâchoires de l'instrument qui se referment d'un coup sec

...


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Pavel sortait de son lolikwett-center attitré, où il venait de harceler le vendeur pour connaitre les prochaines nouveautés et commander un dakimakura* à l'effigie de Jun Watarase en édition collector ultralimitée.

Alors qu'il se réjouissait de son acquisition et fantasmait déjà sur l'usage inavouable qu'il allait en faire, son attention fut retenue par une silhouette de petite taille sortant d'une boutique de l'autre coté de la rue, vêtue d'un costume de type marin et aux cheveux blonds mi-longs relevés en couettes retenues par des rubans roses.

Même avec un seul neurone, sa réaction ne se fit pas attendre :

loli + couettes à rubans + seifuku* = ?

KAWAIIIII !!!!!, hurla-t-il en fonçant dans sa direction, provoquant un carambolage monstrueux, la terreur de tous les passants présents (à l'exception d'un petit machin vert terne, fripé et au regard lubrique qui lui emboita le pas en criant "un peu, m'en laisser, tu dois ! faire partager, il faut !" avant de se faire renverser par un bus), et bien entendu la fuite de sa cible.


Commença alors une course-poursuite à travers les rues de ChouChou-City, où les deux couettophiles slalomaient entre les passants.

Au milieu d'une rue plus dégagée, alors que Pavel avait pratiquement rattrapé sa proie, surgit de nulle part un ours en peluche géant qui se rua également sur la sailorlolikwetteuse en braillant "R0R111 !!!"

- Ah non, elle est à moi, s’insurgea Pavel en envoyant l'intrus sur orbite d'un coup d'une énorme massue venue d'on ne sait où (même si on s'en doute un peu, mais on gardera le silence là dessus, par respect pour cette sombre partie de son anatomie), avant de reprendre la chasse.


Enfin, au bout d'une dizaine de minutes de course, la fatigue eut raison de sa victime, qui trébucha et se tordit la cheville.

Pavel sauta sur l'occasion : il s'arrêta net derrière sa proie, qu'il saisit par les épaules, retourna en fermant les yeux et...

"Deco-chu* !"

Mais quelque chose d'imprévu se produisit.

Tout d'abord, elle avait dû bouger puisqu'au lieu du front, il embrassa ses lèvres. Rouvrant les yeux, il eut une toute autre surprise, qui le fit reculer de quelques pas et manqua lui faire rendre son déjeuner : au lieu de la loli qu'il s'attendait à voir, il découvrit entre les couettes un visage couvert de rides, de boutons d'herpès, de verrues hérissées de touffes de poils, ainsi que quelques autres agréments à l'esthétique douteuse.

- Alors, je te plais plus, mon lapin ? demanda la chose d'une voix faisant vaguement penser à Chewbacca tentant d'imiter Homer Simpson

- Bwoeurk, marmonna un Pavel quelque peu verdâtre, il a fallu que je tombe sur le trap le plus hideux du multivers...

- Oh ! J'ai jamais demandé à être coursé par la reine des tarlouses ! Non mais tu t'es pas regardé, m'sieur-dame ?

- Rend service au monde, répondit Pavel en s'éloignant, quelque peu nauséeux, jette-toi dans le trou noir le plus proche !

- C'est ça, fais le malin tant que tu le peux, enchaina la "créature" avant de se mettre à gesticuler et à baragouiner.


Pavel n'avait alors pas fait 200 mètres qu'il eut l'impression d'être en même temps soulevé du sol, passé à l'essoreuse et étiré dans tous les sens.

Cela ne dura que quelques instants, et il retrouva rapidement ses esprits.

Mais quelque chose clochait...

Pour commencer, il ne se trouvait plus dans la rue, mais dans un appartement miteux, affalé dans un canapé sur lequel un chien aurait refusé de grimper.

Un examen approfondi des lieux et de la situation s'imposait :

Devant lui, un vieux téléviseur passait la 49eme rediffusion de "Walker : Texas Ranger".

Trainant un peu partout sur le sol, des canettes de bière bon marché écrasées et des piles de linge sale.

S'extirpant du fauteuil pour explorer les lieux, il posa un pied nu (le gauche, ça porte bonheur) sur un morceau de pizza qui, à l'odeur, devait bien trainer là depuis 2 mois,

Après avoir maudit intérieurement le trap goblinoïde pustuleux, il se mit en quête d'une salle de pain pour se nettoyer,

Et malheureusement, il la trouva, de même que deux rats gros comme des castors qui détalèrent en le voyant,

Mais le pire n'était pas tant la vision des deux énormes rats dans un endroit dont la crasse aurait provoqué une dépression nerveuse chez Mr Propre, que celle de son propre reflet dans le miroir : un énorme amas de graisse en salopette et marcel, duquel dépassaient d'abondantes touffes de poils, une vieille casquette sur le crane,

Ce fut à ce moment exact que retentit une voix qui aurait pu être féminine si elle n'avait donné l'impression de provenir d'une scie à ruban avec une forte surcharge pondérale :

- Oh, Raymond ! T'as pensé à sortir les poubelles ?

- La ferme, grognasse, va plutôt me chercher des bières !, s'entendit-il prononcer sans même en avoir conscience,

Apparemment, déduit-il, on l'avait enfermé dans ce corps, sur lequel il n'avait qu'un contrôle limité, ou alors sa nouvelle "apparence" commençait à prendre possession de son esprit,

Sous le choc de cette révélation, il porta machinalement la main à sa casquette, qu'il ôta, pour constater avec horreur qu'il n'avait plus la moindre couette, mais une calvitie assez avancée

...


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Au cours d'une discussion fortement arrosée, sans que quiconque sache ce qui avait amené le sujet de la création du multivers, Tsunami avait mis au défi Calimsha de "lui présenter celui qui l'avait créé puisque, selon lui, c'était un dieu bien supérieur à Aphraelle et toute sa famille réunie", et ce dernier avant accepté, juste avant de s'effondrer, vaincu par un taux de sang dans l'alcool trop bas,

Au terme de plusieurs mois de traque minutieuse et de quelques centaines de "Plus jamais j'oublierai de lancer un sort contre les effets de l'alcool ! pari de merde !!!", il finit malgré tout par trouver une piste intéressante qui l'amena jusqu'au beau frère de la cousine de la baby-sitter de la concierge du coiffeur de la divinité en question, qui lui appris où il partait généralement en vacances à cette époque de l'année,

Arrivé sur les lieux, une plage paradisiaque que même au Club Med' ils oseraient pas en rêver et pratiquement déserte hormis une paillote à cocktails, son serveur et quelques rares vacanciers, certains prenant l'eau, d'autres le soleil.

Calimsha se dirigea alors vers la personne qu'il jugea la plus à même de le renseigner, à savoir le type aux cocktails. Mais en guise de réponse, il reçu un verre-noix-de-coco avec paille et ombrelle

- Euh... merci, mais ce que je demandais, c'était si...

Un autre cocktail lui arriva en main avant qu'il ait pu terminer sa phrase.

- Mais tu es sourd ou tu es c..... non c'est bon, merci, je me débrouillerais, tu peux garder le troisième

Un cocktail dans chaque main, il se résigna et choisit de se rabattre sur les vacanciers, après tout, un dieu créateur omnipotent, ça ne devait pas passer inaperçu.

Il Il se dirigea donc ver la personne la plus proche, une jeune femme allongée dans le sable et qui bronzait en regardant vaguement en direction du large.

Mais alors qu'il n'était encore qu'à quelques mètres d'elle, elle se redressa sur les coudes et tendit la main :

- C'est gentil de m'apporter à boire, je commençais à avoir un peu soif

- Euh... tenez, bredouilla-t-il, avant de se reprendre. Est-ce que je pourrais vous poser une question un peu bizarre ?

- Et encore un... soupira-t-elle en se levant et en se tournant vers lui. Oui, c'est moi.

Calimsha resta bouche bée, troublé tant à cause de la réponse, donnée avant même qu'il ait pu formuler sa question, que par l'apparence de celle qui lui faisait face : absolument indéfinissable autrement que par "divine", comme si la beauté même lui servait de corps.

- Tu t'attendais à quoi ? Un vieux barbu en toge assis sur un trône en pierres précieuses ? Merci bien, les gemmes c'est froid, et franchement, quand on peut faire ce qu'on veut, pourquoi on devrait faire son age ?

-Maintenant je comprend mieux pourquoi la connerie gouverne ce monde, marmonna l'entropiste pour lui-même une fois sa mâchoire décoincée

- Hm ?

- Non, rien, mentit-il en se rappelant que si elle avait pu créer un multivers, elle n'aurait aucun mal à " effacer" quelqu'un, et que les déesses étant, pour autant qu'il ait pu le constater, nettement plus caractérielles que les dieux, il valait mieux éviter de lui donner des raisons de s'énerver, Je peux vous poser quelques questions ?

- Pourquoi pas, répondit-elle, de toute façon il fait trop chaud et j'ai la flemme de baisser la température du soleil, La hutte à cocktails, ça ira ?

Une fois à l'ombre commença alors une longue discussion, à la limite de l'interrogatoire en règle.


Au bout d'une bonne heure :

- Mais c'est pas possible, l'entropie...

- Et pourtant je le fais, et quand je veux, encore, alors...

- Pourtant, les lois de la thermodynamique démontrent...

Et cinq minutes plus tard :

- (...) Ça prouve bien que j'ai raison

- ...T'es lourd

- Mais j'ai raison quand même.

Au terme d'un long soupir, la Déesse claqua des doigts, et Calimsha se retrouva dans le noir complet, avec juste une phrase flottant dans le vide : " You have been banned from #reality : 'fallait pas insister, t'as tort et c'est tout "

- ...La salooope, lâcha-t-il, vexé

- Je t'ai entendu !, répliqua une voix à l'intérieur de son crane

Il fût projeté, à l'instant suivant, dans un long couloir, une porte d'un coté, à quelques pas, et l'autre coté tournant après une cinquantaine de mètres. Choisissant la solution de facilité (et n'ayant rien de mieux à faire), il se dirigea vers la porte, l'ouvrit, et se retrouva face à une prairie occupée par des centaines de hippies.

- Mon frère ! Viens donc chanter la paix avec nous !

- Enfile donc ces vêtements aux couleurs de la nature !

- Nous allons t'apprendre à tresser des fleurs dans tes cheveux !

À ces mots, Calimsha fit volte-face et détala à travers le couloir, poursuivi par un concert de "reviens, mon frère ! nous t'aimons !"

Mais au bout de 500 mètres de couloir et quelques virages, il arriva au pied d'un immense escalier de pierre. Et comble de malchance, en tentant de lancer un sort de lévitation... impossible, magie inopérante.

- Et merde, vociféra-t-il, pas question que j'escalade ce truc sans fin !

Bien entendu, les hippies, qui n'allaient pas laisser filer un nouveau frère, ne tardèrent pas à débouler du couloir, qui avec des poignées de fleurs, qui avec des vêtements à la Antoine

- 'fait chier !!!, rugit-il avant d'entamer l'ascension

Quelques 2754 marches plus tard, il avait repris une bonne avance (chanter en fumant des pâquerettes, c'est pas terrible pour l'endurance), et atteint enfin un petit hall de marbre.

Après avoir repris son souffle, et parce que les hippies redevenaient visibles au loin, il franchit le hall jusqu'à une grande salle faiblement éclairée et sentant fortement le patchouli.

Assise dans l'ombre se trouvait une silhouette encapuchonnée. Le maitre des lieux, probablement, la pièce n'ayant pas d'autre sortie visible.

Le voyant arriver, l'individu se leva et s'avança dans la lumière. Il était vêtu d'une sorte de robe de mage improbable, rose bonbon et décorée de nombreuses fleurs.

- T'es qui, toi ? l'apostropha Calimsha, le seigneur des hippies ?

L'inconnu porta la main à sa capuche...

- Je suis...

...la rabattit en arrière, pour révéler le visage de Phoenix-co

- ...ton PÈRE !

...


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Kettch n'était vraiment pas dans son assiette. Il ne se souvenait de rien en dehors d'une grosse beuverie, tenait à peine debout et avait mal partout, en particulier aux poils.

Pour le moment, il tâtonnait dans le noir et venait de trouver une poignée de porte, qu'il ouvrit, serrant les dents lorsque le léger grincement des gonds lui résonna dans tous le corps, ravivant les effets de sa gueule de bois carabinée.

La pièce dans laquelle il venait d'arriver était plongée dans l'obscurité, l'éclairage fourni par un gigantesque écran plasma qui fonctionnait en sourdine permettant à peine de distinguer la position du mobilier

Ce qui convenait parfaitement à l'ewok, vu son état.

Il remarqua rapidement, face à l'écran, un canapé qui semblait l'inviter à s'y allonger le temps de se remettre, et ne se fit pas prier.

À peine s'était-il étendu dessus qu'il s'endormit,,,


Pour être réveillé quelques heures plus tard par le téléviseur qui braillait tout ce qu'il savait.

Par réflexe, il attrapa la télécommande, sur laquelle il avait roulé pendant son sommeil, et ramena le volume à un niveau plus supportable.

Cherchant à se rappeler où il se trouvait et pourquoi, son attention fut attirée par le programme en cours de diffusion un reportage sur le récent coup d'état organisé par Hébus pour renverser ChouChouBoy, où le troll vantait ses qualités de magouilleur politicien chevronné et la médiocrité de son ex-adversaire : ",,,J'ai tout de même su me montrer magnanime envers mon prédécesseur, et lui ai fourni un poste à la mesure de ses compétences : il s'occupe maintenant du nettoyage des toilettes du palais présidentiel,,,"

Kettch ne pouvait en supporter davantage, éteignit l'appareil et se mit en quête d'une fenêtre à laquelle respirer un peu d'air frais et faire passer sa nausée.

N'en distinguant pas dans la pièce où il se trouvait, il se dirigea vers la porte la plus proche, celle par laquelle il était entré quelques heures plus tôt, l'ouvrit, et se dirigea à tâtons à travers la pièce obscure, en direction des minces lignes de lumière semblant signaler des volets fermés.

Après avoir manqué plusieurs fois de trébucher sur des objets indéfinis jonchant le sol, il atteint son but, de lourds volets de chêne massif, qu'il ouvrit avec peine, et s'empressa d'inspirer à pleins poumons... avant de vider le contenu de son estomac


Quelque peu soulagé, il jeta un œil à l'extérieur à la recherche d'indices sur l'endroit où il se trouvait, et son regard fût attiré par un monstre de métal d'au moins 6 mètres de haut : un énorme Monster Truck, garé, faute d'un terme plus adapté, sur le bord de la route, au dessus de quelques véhicules réduits à l'état de carpettes métalliques. Détail étrange, à l'arrière du Bigfoot géant étaient accrochés divers ustensiles de cuisine et boites de conserve, ainsi qu'un panneau sur lequel l'ewok finit pas déchiffrer les mots "JUST PACSED"


Un frisson lui remonta le long de la colonne vertébrale alors que des souvenirs de la veille commençaient à sortir du brouillard alcoolique qui encombrait sa mémoire.

Il entendit alors du bruit derrière lui, à l'intérieur de la pièce.

Priant toutes les divinités susceptibles de l'écouter pour que "ça" ne soit pas ce à quoi il pensait, il se retourna très lentement.

La pièce était maintenant suffisamment éclairée pour qu'il puisse en distinguer le contenu : sur le sol trainaient pèle-mêle des bouteilles, des ossements et divers autres objets moins reconnaissables. Ensuite, occupant une grande partie de la pièce, un lit gigantesque avec une épaisse fourrure en guise de couverture. Et sur ce lit, achevant de s'allumer un cigare gros comme un canon de panzer, Hébus

Et alors que l'ewok, dont la mémoire achevait de lui revenir, tremblait d'horreur, le troll souffla un rond de fumée, puis se tourna vers lui et, le regardant d'un air libidineux, lui demanda :

- Alors, heureuse ?

...


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Mokona venait d'annoncer l'ouverture de son auberge personnelle et en avait profité pour y offrir un séjour à Yuko et Milvus, ce qui arrangeait particulièrement ce dernier, qui sautait sur la moindre occasion de se retrouver seul avec la sorcière.

"Séjour de rêve", avait annoncé le puputeur fou, qui ne manqua pas de se vanter de la capacité de l'établissement à deviner les désirs inconscients de ses pensionnaires et d'organiser leur séjour en conséquence, et avait tenu à les accueillir en personne à l'entrée


- Tiens, s'étonna Milvus, tu n'as pas installé d'enseigne ? Toujours pas trouvé de nom pour ta boutique ?

- Pu puuuuuu... si, le "Pupupu", à l'oral ça sonne bien, mais à l'écrit, il manque quelque chose pu... répondit Mokona en prenant son air le plus déprimé, avant de se remettre à sautiller joyeusement. Pupuuuu ! Mokona vous a réservé la meilleure table, reprit-il avant de brandir deux morceaux de tissus. Mokona veut vous faire la surprise pupuu ! Bandez-vous les yeux avant d'entrer, Mokona va vous guider !

Milvus et Yuko s'interrogèrent un instant du regard, avant de hausser les épaules et de s'exécuter, puis de se faire conduire à l'intérieur.


Une foi installés, Mokona les invita à retirer leur bandeau et à lui faire part de leurs impressions.

Tous deux restèrent bouche bée devant l'aménagement de la salle, qui aurait fait passer le château de Versailles pour un vieux squat à l'abandon, entre l'ameublement en chêne et marbre, les miroirs, les immenses lustres et les chandeliers à toutes les tables.

Puis Milvus vira à l'écarlate en remarquant les serveuses, qui étaient toutes des clones de lui-même, habillées en soubrettes le cul à l'air.

- C'est magnifique, commenta Yuko avant qu'il n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit, en particulier les serveuses, je ne sais pas pourquoi,,, Tu les as trouvées où ?

- Puu ! Ce sont des Milvus-Maids ! Phoenix-co en avait tout un stock, il a fait un prix de gros à Mokona quand Mokona lui a dit ce qu'il voulait en faire pupuuu !

Kawaiiiiiiiii, elles dansent et elles chantent aussi, mais c'est sur scène en dehors des repas ! Moe moe !!!!!

Tu veux que je t'en commande quelques unes, puu ?

- Je vais buter cette peluche sauteuse et éviscérer cette saleté de piaf, grommela le dealeur de moquette, conscient qu'il lui était impossible d'exprimer trop fort sa façon de penser sans compromettre son plan drague

- Tu as dit quelque chose, lui demanda la sorcière ?

- Je remarquais juste que ça devait couter bonbon en bougies, mentit-il...


Au terme d'un repas somptueux mais au cours duquel Milvus frôla l'ulcère à chaque passage d'une "serveuse" (en particulier lorsque Yuko mit la main aux fesses de la milvusette qui venait d'apporter le dessert), Mokona vint les chercher pour la suite du programme.

Il les conduisit à des vestiaires séparés où ils purent se déshabiller, et Milvus dut attendre quelques longues minutes, que le chamallow à ressorts vienne lui annoncer que sa belle était installée et qu'il pouvait la rejoindre dans le... jacuzzi de chocolat et saké


Apparemment, Yuko était aux anges (même si elle devait résister à l'envie de boire le bain si elle voulait conserver sa ligne)

- Mais quelle sorte de chocolat tu as utilisé, demanda Milvus au bout d'un moment, menton sur le rebord et Yuko lui faisant un massage ? On dirait un mélange de plusieurs variétés assez rares...

- En fait, le livreur a eu un accident en chemin, son camion s'est renversé, tout le chocolat s'est répandu dans un champ de blé et paf, ça fait des chocapics, pu... Mais mokona a trouvé tout un stock de vieilles tablettes que tu avais oublié chez toi, dans des boites en bois, pupuu !

- Ma réserve secrète !!! explosa-t-il mentalement alors qu'il enfonçait profondément ses dents dans le rebord du jacuzzi pour retenir la bordée d'insultes qui ne demandait qu'à sortir

- Tu as l'air tendu, tout à coup.

- Pourtant je suis on ne peut plus calme, répliqua-t-il malgré l'énorme veine sur son front qui ne demandait qu'à exploser...


Après une bonne douche pour se débarrasser des restes de chocolat (et dont Milvus profita pour pleurer en toute discrétion la perte de milliers de tablettes de chocolat hors de prix), comme il commençait à se faire tard, Mokona proposa de les conduire à leur chambre

- Passez devant, je vous rejoint, un coup de téléphone à passer

Alors que la sorcière s'éloignait, Mokona sur l'épaule, l'amiral contacta discrètement l'armée chouchoulandaise pour qu'elle se tienne prête à prendre d'assaut l'endroit et à capturer le puputeur mort ou vif, avec une préférence pour "mourant et les membres arrachés", puis se dirigea vers la chambre, devant laquelle Mokona l'attendait, sautillant comme à son habitude, un bandeau à la main.

- Pu pu puuu ! Yuko a demandé que tu mettes ça devant tes yeux avant d'entrer, elle veut te faire une surprise ! pupupuu !

Si c'est elle qui le demande, je ne risque rien, se dit-il avant de se laisser bander les yeux et guider à l'intérieur de la chambre

Yuko l'accueillit à l'intérieur et le fit s'installer, toujours les yeux bandés, dans ce qui semblait être un confortable fauteuil en cuir.

- Ouvre bien grand la bouche, lui murmura-t-elle à l'oreille, sa main lui caressant la joue

la tête traversée de pensées plus yodaïennes les unes que les autres, Milvus s'exécuta, et ne tarda pas à se retrouver avec... quelque chose qui lui bloquait la mâchoire en position ouverte

- Hon ?

Puis, un instant après, des sangles se serrèrent autour de ses bras et jambes, l'immobilisant sur le fauteuil, dont le dossier s'inclina en arrière en même temps qu'il lui relevait les jambes, l'amenant presque en position allongée

- Hooon ?!?

Quelqu'un lui retira alors son bandeau, et il vit devant lui une Yuko passablement éméchée, une bouteille de saké dans une main et un instrument étrange dans l'autre.

- Quand elle était petite, Yuko voulait être dentiste, expliqua Mokona, qui venait de lui sauter sur le ventre

- C'est vrai, confirma-t-elle, et aujourd'hui j'ai l'occasion d'essayer, je compte bien en profiter !

elle vida d'un trait sa bouteille de saké, la jeta sur un tas d'autres bouteilles vides, et en prit une autre sur une table non loin de là

- Tu ne vois pas d'inconvénient à être mon premier patient, au moins ?

- Hooonnn ! Hon hooon hoonnnn ! émit un Milvus paniqué mais incapable de se défaire de ses liens.

- Pupuu !! Milvus dit qu'il est d'accord si ça peut faire plaisir à sa Yuko adorée, traduit Mokona

- Hooooon !

- Je savais que tu comprendrais, mon chéri

Puis elle se rapprocha en titubant, avala une nouvelle rasade de saké, et lui inséra la fraise dans la bouche

- Je vais faire ça en douceur, promit-elle, tu ne vas rien sentir *hips*

Complètement tétanisé, Milvus ne put plus rien faire d'autre qu'émettre un long gémissement, bientôt couvert par le bruit de la roulette passant d'une dent à l'autre

...


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- NOOOOOONNNNNN !!!!!!!!!

Les chouchoulandais reprirent tous connaissance au même moment, réveillés tant par le hurlement des autres que par le leur.

Après quelques instants à reprendre leur souffle et à s'assurer d'être bien réveillés, ils regardèrent d'abord autour d'eux. Le lieu où ils se trouvaient était plongé dans l'obscurité, aussi ne virent-ils rien d'autre qu'un sol terreux recouvert de paille.

Voyant que personne n'osait émettre le moindre son, Milvus se risqua à briser le silence :

- Bon sang, mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Apparemment on est tombés dans un piège, répondit Ori

- Je crois que tout le monde avait remarqué, railla Kettch

- Et vu qu'on s'est tous réveillés en hurlant, je dirais que celui qui l'a tendu en a profité pour nous faire cadeau de nos pires cauchemars, hasarda Calimsha

- "Elle est rentable, ma carte au trésor", hein Bubus, se moqua Pavel, bravo le boulet...

- C'est pas le moment de se battre, intervint TCN avant que le troll n'ait pu répondre, on a d'autres problèmes à régler avant.

- Plus importants que se taper dessus ?

- Oui : avec quoi ? Parce que je ne sais pas si vous avez remarqué, mais tout notre équipement a disparu...

Après un examen approfondi, il s'avéra que la perte de leur équipement allait être le moindre de leur soucis :

La totalité de leurs pouvoirs respectifs, ceux d'Ange Majeur de Milvus, ceux de Calimsha, la transformation lolikwettique de Pavel..., jusqu'à ceux liés à la magie paradoxale, avait disparue.

Hébus avait commencé par se moquer, avant de remarquer l'absence du bruit familier de ses mouches, qui manquaient également à l'appel, et de hurler au mouche-napping.

Hurlement qui ne fut pas sans conséquences, puisque l'instant suivant, une centaine d'yeux rouges s'ouvrirent dans l'ombre, signalant le réveil de leurs propriétaires.

- On ferait bien de s'éloigner discrètement, chuchota Farf

Alors que le groupe mettait de la distance entre lui et le "mur d'yeux", Ori buta sur ce qui lui sembla être une table, qu'il décida de fouiller à tâtons, et sur laquelle il trouva un briquet à mèche d'amadou

- J'ai déniché de quoi faire du feu. Si quelqu'un trouve une bougie ou une lanterne... L'instant suivant, on put entendre un choc sourd suivi d'un juron typiquement troll

- Je crois que j'en ai trouvé une...

Et c'est sur fond de grommellements de "saleté de lampion" et de "l'accrocher plus haut" qu'Ori éclaira la salle

- Que la lumière soit ! s'exclama-t-il en brandissant bien haut une vieille lampe à huile cabossée mais allumée.


La pièce maintenant éclairée s'avéra être une grange, avec son lot d'outils agricoles rudimentaires, ses sacs de grains, ses tas de paille et de foin, et sur ces derniers une bonne soixantaine de poulets les fixant d'un regard mauvais.

Après un long soupir de soulagement, vint la question question classique de ce genre de situation :

- Bon, qu'est-ce qu'on fait maintenant, demanda Pavel ?

- Pour commencer, répondit Milvus, je propose qu'on rassemble tout ce qui peut faire office d'arme, on ne sait pas ce qu'on va croiser dehors

Au bout de quelques minutes, chacun se retrouva armé d'un fourchet, d'une faux ou d'une houe, à l'exception d'Hébus, qui avait repéré un énorme soc de charrue ("Un peu petit, mais ça devrait aller" avait-il déclaré), et de sacs à dos en toile trainant dans un coin, visiblement taillés dans de vieux sacs de grain.

- Je crois qu'on est prêts à affronter ce qui nous attend dehors, commenta Kettch

- Je casserai bien la croute avant de partir, proposa Hébus en regardant en direction des poulets

- On a pas trouvé de plats pour faire cuire une omelette, fit remarquer Farf

- C'est pas aux œufs que je pensais...

Quelqu'un frappa alors à la porte de la grange...

Personne n'osa plus bouger...

On frappa une seconde fois...

- Ok, je vais voir, se dévoua Milvus

- Super, pendant ce temps là, je m'occupe des "provisions" fit le troll


Milvus se dirigea vers l'énorme double-porte de la grange, l'ouvrit légèrement, et vit un colosse devant lui, un fusil sur l'épaule

- Euh... oui ?

- Sarah Connor ?

- Je ne connais pas, désolé, on vient d'arriver...

Après un court instant, la montagne de muscles se retourna sans un mot, repartir à grands pas, et disparut.

- Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel...

Soudain, un vacarme épouvantable provint du fond de la grange, puis la vision d'un troll fuyant à pleine vitesse, un petit coq particulièrement hargneux aux trousses.

- ON DÉGAGE !!! brailla-t-il avant de passer à travers la porte, qui vola en éclat

Les autres chouchoulandais restèrent figés quelques instants, avant de remarquer la horde de volailles fonçant dans leur direction, et de détaler à leur tour...


À suivre







Notes :

Come on Eileen : Hymne du stade français

Eunique : de "eunuque", évidemment

dakimakura : coussin à taille humaine avec impression d'un personnage d'anime

seifuku : uniforme scolaire au japon, ici, le modèle "sailor"

Deco-chu : decopin (claquage de doigt sur le front) + chu (baiser) => baiser sur le front